dimanche 10 février 2008

De l'éloge du Spleen et des Cailles aux Groseilles.








Un tout premier après-midi ensoleillé sur le Canal Saint Martin. (insérez ici les émotions qui vous parviennent instantanément). Millésimé 2008.
Du Kir à la mûre (tiens, petite envie d'une variation culinaire autour du Kir Royal? c'est par ici!)
des rires aux éclats, un crépuscule sur Paris, la ligne 4 et un morceau de graffiti d'Azyle. "You made my day" (puisque c'est au goût du jour..cf infra).
Et que vient faire le spleen dans tout ça?!
Si cette question vous affleure à l'esprit, c'est que vous ne considérez le spleen que dans son acception négative, synonyme de la ô combien avilissante "dépression" moderne.
Mais ce n'est pas de ce spleen là dont il est question, mais bien au contraire d'un spleen constructif, d'un spleen dompté, défiant, d'un moteur même.
En googlisant à défaut de belle encyclopédie littéraire, en dépît des heures passées - merveilleusement passées - à corner et noircir les pages de Charles B., on découvre que le terme est lié à la médecine, dans son acception de "mélancolie": le terme grec "σπλήν" signifiant "rate", et la rate produisant la "bile noire"(!), apparentée à la mélancolie et au malheur.
Mais Baudelaire en fera un terme bien plus noble, signifiant même, au delà de l'angoisse d'exister, la condition humaine elle-même. L'essence de l'homme.
Qu'on n'entende donc plus "mais qu'est-ce qui lui arrive? elle spleene alors que TOUT VA BIEN"...
Certes, "tout peut aller bien", sans pour autant que le spleen soit interdit.
Il y aurait matière à disserter une nuit durant sur ce sentiment, le plus noble qui soit selon votre - peut être un peu trop poétique ce soir - interlocutrice.
Et ce n'est pas pour rien qu'un des plus grands "poëtes" (qui reconnaîtra le clin d'oeil?!) ait associé le Spleen à Paris.
Une errance (je vire surréaliste... serait-ce une schyzophrénie littéraire?) dans le Paris d'aujourd'hui, sans autre souci que celui d'errer en lui même, de découvrir, de ne rien râter, de tout photographier, de tout collecter, d'emprisonner la belle de fer sur papier "mat ou brillant".
Il y a le spleen constant de la parisienne un peu trop pensive et accordant peut-être un peu trop d'importance à de trop petits détails.
Mais ce soir, il y a le spleen "justifié". Une immense crainte, un gouffre menaçant dans lequel on sera peut-être "demain à cette heure-ci".
Mais il faut attendre les "résultats des examens".
Et si seulement ils pouvaient être universitaires...
C'est, spleenante, que je croise les doigts très fort, que je touche du bois, que "tocco ferro", que je frappe du bois (Serbie!), 3 fois (Allemagne!) pour les résultats de celui qui me surprend chaque jour dans son remake d'American Beauty (version musique et mustang, pas avec mes copines..), me console sans le vouloir, a toujours su me faire rire aux éclats et me montrer de l'estime, me faire confiance, me conseiller, m'encourager, m'apprendre l'importance des choses. Et qui m'a un jour parlé de "son ami le désespoir".
Devenu aussi mon inséparable ami Spleen. C'qui fait que je n'ai plus à me poser la question : tiens qui vais-je emmener chez Machin?
Bonne chance Papa.

Et puisque le Spleen, ça creuse, il fallait bien concocter quelque chose de léger et de tout en délicatesse, pour cet incipit plutôt lourdingue.
Je classe cette recette dans la catégorie "Mouton de Panurge Attitude" puisque je me suis inspirée d'un splendide blog, regorgeant de certaines des plus belles et originales recettes que je connaisse, Beau à la Louche. La rédactrice de ce petit bijou, Loukoum°°, a réalisé, il y a quelques temps, tout un tas de recettes avec des canneberges fraîches (ici). Et parmi celles-ci figuraient, en grandes reines, les Cailles aux Cranberries. Pfiouh, mon petit coeur de gourmande a rapidement flanché. Il fallait que j'essaye!
Evidemment, les canneberges fraîches se trouvent chez Monoprix mais pas sur le petit marché de banlieue (et pourtant tout près de Rungis) de la mini-ville de mes parents..
Il me fallait un ersatz, et une magnifique barquette de groseilles m'appelaient si fort que je n'ai pu résister. Note : mettre des boules quiès pour les prochaines courses au marché.






J'adore les cailles. Et une idée de recette avec des fruits bien acides m'était déjà venue il y a quelque temps, en me plongeant dans les archives du splendide blog de Gato Azul, et particulièrement sur sa recette des Cailles au Bleuets: ici.
Le résultat avec les groseilles fut stupéfiant! Vraiment à la hauteur de mes attentes!
Une merveille pas trop sucrée - pas trop acide, juste ce qu'il faut de gourmand!

Sans plus tarder la recette des
- Cailles aux Groseilles -




La recette est basée sur celle de Loukoum°°.
Pour 4 personnes:
- 4 cailles
- 80 grammes de Lardo di Colonnata (un formidable lard Italien, remplaçable par de la pancetta, ce qu'utilise d'ailleurs Loukoum°°).



- Une vingtaine de feuilles de sauge fraîche séchées.
- 4 verres de vin blanc
- Poivre du moulin.
- Une barquette de groseilles (125 grammes je crois).

Dans votre faitout préféré, faire dorer le lard/la pancetta jusqu'à ce qu'il/elle soit bien doré(e). Réserver ces "sortes de chips".
Faire dorer les cailles sur toutes les faces, dans la graisse rendue par le lard ou la pancetta.




Ajouter la sauge lorsque les cailles sont dorées, poivrer et mouiller avec un verre de vin blanc. Couvrir et laisser cuire à feu doux, en ajoutant les verres de vin blanc restant au fur et à mesure de leur absorption. Cuire une trentaine de minutes.
Ajouter les groseilles, et poursuivre la cuisson une dizaine de minutes.
Servir les cailles avec les "chips" de lard/pancetta, et la sauce aux groseilles.

Je les ai servies avec un risotto au champagne.. déjà mis en ligne ici!

Des petites merveilles! Merci à ce formidable blog pour une si belle recette!

***
"You make my day" award. Encore plus beau qu'un oscar, n'est-ce pas?
Et d'autant plus si vous le recevez d'un incroyable blog, Monolocale in Centro, for italian users only. Le blog le plus fantastique qu'il m'ait été donné de suivre. J'en ai déjà parlé ailleurs, je leur rend visite quasi quotidiennement, et chaque jour la surprise est grandiose: des recettes plus qu'incroyables, et des textes indescriptibles. Une histoire littéraro-culinaire, dans un langage majestueux. Une prose et un cordon bleu hors paire. Je ne m'en lasserai pas. Grazie mille ragazzi!
Alors le principe de cet "award" veut qu'à mon tour je choisisse 10 blogs et leur en attribue un!
Alors qui "emplit mes journées" avec son billet quotidien ou hebdomadaire? Aucun ordre évidemment!
- Il y a Valka
- Il y a Ellaë
- Il y a Paola
- Il y a Marie, même si on déborde en dehors de la cuisine!
- Il y a Pernette, comme toujours
- Il y a la Turtle
- Il y a Bolli
- Il y a Flo Bretzel
- Il y a Claude-Olivier
- Il y a Andrea Matanga
(les garçons en dernier).
Et hop on arrive déjà à 10. Alors je vais laisser ces 10 ci. Même si bien d'autres me viennent à l'esprit!
Félicitations aux grands gagnants (:D)

Et bonne semaine à tous!



dimanche 3 février 2008

Il n'y a pas que les garçons qui naissent dans des feuilles de chou... Chronique d'un Plateau de fromages.









Eh non ceci ne sera pas le typique billet retour du pays des tapas après un merveilleux séjour de 4 mini jours éphémères (Serait-ce moi ou le temps en Espagne passe vraiment beaucoup beaucoup plus vite?!). Non, pas de sagrada familia, de ramblas, d'autocollants avec l'âne catalan! Mais mon prochain easyjet-trip ne saurait trop tarder, donc vous aurez copieusement votre dose de petits gadgets-souvenirs d'ici les mois à venir! Tiens qui sait je pourrai même peut-être vous présenter des ptits bijoux hors-pair de la gastronomie Barcelonaise?!
Les fameuses tapas de Rodrigo de la Plaza del...
Eh non l'objet - un brin provocateur n'est ce pas? - de ce billet n'est autre qu'une fantastique découverte, qui date encore de décembre (et là, un petit sentiment de culpabilité m'envahit... nous sommes en Février et j'avais promis de ne plus vénérer seulement le mois des "CH" magiques => Chapon et chocolats bien évidemment).
- Je n'en reviens pas : je digresse à tout va!..
La découverte, je disais donc, est une découverte fromagère! Ou plutôt 4 découvertes fromagères - chaque année!
Ma tante-mère Noël (ainsi surnommée pour la véritable hotte gastronomique ritale qu'elle ramène chaque année: et pour ne citer qu'eux du vinaigre balsamique old vintage, l'olio e.v.o mosto (la fameuse huile avec laquelle je vous tanne depuis près de 6 mois!) les riz arborio, carnaroli et autres, les agrumes tout-frais de Sicile...) transporte aussi, au fond de sa 4X4 rennes (pas pu m'en empêcher) un plateau de fromages.
"Ah! Tout ça pour ça!" pensez-vous déjà! Oh mais détrompez-vous! C'est beaucoup plus que ça.
Si je n'avais pas tendance à tout exagérer vous me croiriez si je vous disais que c'est LE plateau de fromage. L'inimitable, le plus surprenant, le plus magique, le plus beau, le plus savoureux, le plus original... et le plus rital de sucroît. Ouille, j'en effraie certains... Certes le fromage est quelque chose de bien plus traditionnel et culturel en France, omniprésent, et surtout beaucoup plus NOBLE. En Italie le fromage est quelque chose de bien plus modeste, rustique. On s'arrête là avec les généralisations et les clichés.
Puisque vous n'avez pas encore entendu parler de Giuseppe Bernardinelli le ROI du fromage italien.
Qui est-il? Un épicier d'une petite ville à côté de Vérone, Arbizzano, zone de très très sympathique production viticole. Et pour moi qui dit vin dit fromage, évidemment. :D
Monsieur Bernardinelli était un petit épicier comme on en voit (dans les cartes postales) en Italie dans les villages, voire en ville. Puis il s'est rendu compte qu'il risquait gros face aux grandes surfaces montantes... et hop s'est-il dit, si je me spécialisais dans ce qui est ma véritable passion culinaire: le fromage?!
Et voici que Monsieur parcoure l'Italie, de petits villages en petits villages, se cultive sur "l'art de faire du fromage" (qui serait l'attribut du Caesar, d'où l'interprétation étymologique de César/Kaiser, "celui qui connaît le moyen de transformer en fromage"!) et devient un spécialiste incroyable. Il est professeur à l'Ecole Hotelière, il donne des cours aux professionnels, organise des banquets (dont un dernièrement en l'honneur de Bill Gates, rien que ça!) et est surtout très très sympathique dans sa petite boutique! C'est un ami de ma tante et j'en suis sacrément ravie!
Loin de moi l'idée de vous écrire une page de pub pour vanter ses mérites (d'ailleurs je ne sais même pas s'il vend ses produits à l'étranger!), je voulais juste vous faire partager cette expérience assez rare!
Alors alors, petite présentation de ces petites merveilles - uniques!
(Sources : site "I sapori del Portico").

Il Morlacco del Grappa

Il s'agit d'un "fromage produit à base du lait cru de deux traites dont une écrémée. Il est produit par les vaches de cette région du "Veneto" de Juin à Septembre.
C'est un fromage à pâte blanche, molle, avec de petits orifices. Il a une saveur salée intense, qui s'accentue à maturité!
Ca c'est pour la technicité, moi je n'ai qu'une chose à dire: MERVEILLEUX.
:D Mais je le place seulement en n°3 dans mon Top 5 de 2007.

Il Monte Veronese di Malga

Un lait cru italien! Autant vous dire que c'est rare!
Pour la ptite histoire, le procédé de fabrication de ce fromage est invarié depuis 1100!
Il est lui aussi originaire de la région de Vérone, sur une plaine où l'"excellente composition florale des prés" et une technique traditionnelle de production lui confèrent un caractère incomparable.
Top n°4 pour moi. Difficile hein?

La Robiola di Roccaverano in Verza

Eh oui! C'est lui le fameux né dans une feuille de chou! L'idée est exceptionnelle! Et le goût est splendide! Une douceur incomparable, et un petit goût bonus insoupçonné!
Mon Top 2.

La Robiola di Roccaverano est un fromage AOC (DOP en Italie), un des plus renommés et historiques chèvres italiens! Celui que j'ai goûté était 100 % chèvre (le cahier des charges permet l'utilisation de lait de vache à 85%, mais Mr B. est un puriste, et il a raison!).

Les fragrances du fromage changent selon la saison de production!


Je place la barre très haute pour le Top 1 n'est-ce pas?!

L'Erborinato di Capra ai Frutti di Bosco

Oh mon Dieu! Incroyable! Je ne pensais pas un jour pouvoir goûter une telle merveille: du fromage de chèvre (mon pêché mignon fromager!) aux fruits des bois (mon pêché mignon fruitier!). Eh bien le mélange interdit de mes ambroisies fut extrêmement convaincant, et je ne cesse de penser à ce morceau divin de fromage!
Il n'est pas sur le site (comment, mais c'est fou?!!!) donc il ne reviendra qu'à moi de vous en parler... pfiouh, je n'ai même pas de mots! C'est un bleu, avec son caractéristique doux-piquant, de chèvre (qui ne salive pas?!) et entouré de la plus merveilleuse croûte sucrée qu'on puisse faire!
Une merveille, mon giant heart attack de l'année!
Au moins, je connais déjà le contenu du plateau de fromages de mon mariage. C'est déjà un truc en moins à penser, quand on pense qu'il faut s'attaquer à un tout petit détail avant: le mari!



Nan mais regardez-moi ça!!! C'est magnifique!

Je sens que je vais tenter d'approcher un tel mélange de moi même, dans ma petite cuisine, ou bien même mieux, dans mon ptit village italien, chez les fromagers! Ah n'est-elle pas bucolique cette parisienne?!

Voilà voilà.
Et puisque tant qu'on y est, on est partis pour en faire tout un fromage...

Voici mon :
Wonderful Cheesecake Chocolat Blanc-Framboises.




tout simple, tout merveilleux, tout philadelphia rapporté par la même Tante Mère-Noel (Et je suis sûre qu'ils font exprès chez Monoprix de pas s'en faire fournir!).
Basé sur une recette de Marmiton, recopiée sur mon super-cahier-recettes!

Pour un moule de 22 cm environ. Je ne vais pas dire "pour 6", je l'ai dévoré avec mon pôpa.
Pour le fond, basé sur mon n'imagination:
- Un paquet de biscuit roses de Reims
- 95 grammes de beurre

Pour la crème:
- 400 g de Philadelphia
- 200 g de chocolat blanc
- 50 g de sucre
- 2 oeufs
- 1 cuillère à café de farine

Préchauffer le four à 200°C (th 6-7).
Ecraser les biscuits, ajouter le beurre fondu. Placer cette préparation au fond et sur le bord du moule, et mettre au frigo.

Pendant ce temps, faire fondre le chocolat blanc dans une casserole, avec 2 cuillérées à soupe d'eau.
Dans un saladier, fouetter le chocolat et le fromage ensemble, puis ajouter le sucre, les oeufs et la farine.

Sortir le fond du frigo, et verser la crème dessus.
Enfourner 35 min à 200°C (th 6-7), le dessus doit être légèrement doré.



Laisser refroidir 1/2 h dans le four entre-ouvert. Puis, à température ambiante. (pour moi une bonne heure à température ambiante, après la demie-heure dans le four entre-ouvert).
Placer le cheesecake au frigo, pendant minimum 12 h!
Savourez copieusement.
Surtout si vous décongelez le petit Coulis de framboise fait en grande quantité cet été, et congelé dans des moules à glaçons!
(recette express du Coulis de framboise: 500 grammes de splendides petites framboises, 200 grammes de sucre et une tasse et demie d'eau. Porter à ébullition l'eau sucrée. Verser sur les framboises, mixez. Passez au tamis! Hop là!).



Bonne semaine à tous!