samedi 28 juin 2008

De l'art de disparaître et une quelconque madeleine de Proust.







Disparaître du réseau blogesque, par fainéantise, par envie de quitter toute forme de contrainte, ne pas se sentir liée, "partir pour mieux revenir"... laisser du temps aux examens, au mémoire, aux prises de tête métaphysiques.
Disparaître aussi du classement, le classement tant convoité depuis octobre, pour être allocataire de recherche, vivre d'études et d'eau fraîche. Et se retrouver dans les très bons, mais pas les meilleurs. Abandonner son projet professionnel plan A, et se retrouver face à l'angoisse de l'entrée en grand cabinet, plan B.
Nombreuses sont donc les raisons de cette absence, que j'ose estimer justifiée.
Quelques regards distraits et discrets ont tout de même été lancés vers vous, vos blogs, vos recettes. Et un grand merci pour les encouragements de certaines ;)
Continuer le blog sérieusement se révélera plutôt ardu en ces temps de grandes vacances (les premières en quatre ans) : dès mardi, grand Sud, dès dimanche Barcelone, tout le mois d'août en ritalie... septembre à Marrakech... un vrai ministre, j'vous jure.
Mais un programme haut en couleur de cuisine locale à Barcelone et de découverte de ma si chère région italienne se devront de faire l'objet de quelques lignes de blabla.
Alors n'ayez crainte!

Quant à la recette du jour, rien de bien foufou, un petit risotto comme on les aime, avec les stars du marché ces dernières semaines (qui sont d'ailleurs vraiment sur leur fin, voire ont complètement disparu désormais) : les asperges sauvages.
Dans mon village madeleine-de-proustien, elles poussent dans la nature, et le risotto est une religion.
Alors comment passer à côté en pleine période de disette (comprendre d'examens) où chaque petite gâterie culinaire transforme une journée morose et absolument identique à la précédente en une journée "ah enfin quelque chose à raconter"?
S'arrêter au marché de Grenelle, prendre un bouquet d'asperges sauvages, appeler la Nonna immédiatement, s'accorder sur la recette traditionnelle, y apporter certaines modifications, consensuelles, donc garnies d'haussement de tons et de "mais oh, c'est qui le chef cuisinier?"..
Fermer un instant ces livres, qu'au fond on aurait pu même ne pas lire, vu la relative malchance au jeu de la "mauvaise pioche", et s'attabler, devant un bon Jim Jarmush.
Et là tout va pour le mieux!
Je regrette mon retard considérable (rapport à la saison des asperges), mais qui sait, cette recette sera peut être dans votre liste "à faire" de la prochaine saison!





- Risotto aux petits pois et asperges sauvages -

Pour 2 personnes.
- 120 grammes de riz Arborio, Carnaroli ou Vialone Nano,
- une petite boîte de petits pois (ouh pas bien, des petits pois en boîte... mais que voulez-vous, re-situez vous dans ma période d'exams!).
- une botte d'asperges sauvages
- trois bonnes noix de beurre
- une c. à c. de sucre
- un verre de vin blanc
- un oignon émincé
- 1/2 c. à s. d'huile d'olive
- de l'eau bouillante (je ne mets jamais de bouillon artificiel, s'il n'y a pas de bouillon tout fait maison - tout bon, je préfère l'eau toute simple!).


Faire bouillir de l'eau dans une petite casserolle à part, la saler au gros sel. Faire chauffer une noix de beurre et l'huile d'olive dans une casserole à feu moyen. Y faire dorer l'oignon émincé, ajouter le riz à sec. Faire "toaster": les grains de riz doivent devenir translucides. Mouiller une première fois avec le vin blanc. Laisser évaporer. Répéter l'opération. Verser une première louche d'eau bouillante. Ajouter les petits pois. Procéder toujours de la même manière: laisser évaporer la louche d'eau avant d'en ajouter une autre.
Dans une casserolle encore à part faire blanchir les asperges sauvages préalablement débarassées de leurs tiges. Une fois blanchies (elles s'amolissent et la couleur est fixée) les passer sous l'eau froide, un instant à peine. Les faire ensuite dorer dans une noix de beurre dans la casserolle où elles ont blanchi. Ajouter une c. à c. de sucre en poudre, et laisser dorer à feu moyen-doux une cinquaine de minutes.
A la fin de la cuisson du riz (compter 18 minutes), ajouter les asperges dorées, la noix de beurre restante, un peu de poivre selon les goûts et les couleurs, éventuellement un brin de parmesan. Votre interlocutrice préférait garder intacte la saveur des éléments de base, et surtout des asperges-madeleines de proust, elle a ainsi opté pour une version épurée de ce risotto!
Déguster ce splendide mélange doux et subtil, et donnez m'en des nouvelles!

Et si c'est un goût amer qu'il me reste de cet échec thésard, je pense qu'un brin de relativisme jouera le rôle de la cuillère de sucre dans mon risotto.. :)